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O U S P E N S K Y |
Piotr Demianovitch Ouspensky
Fragments d'un enseignement inconnuPhilosophe platonicien, mathématicien, il est l'auteur vers 1910 d'un ouvrage (que Gurdjieff lira en 1912) Tertium Organum : «J’ai appelé ce système de logique supérieure le Tertium Organum, car il est pour nous le troisième canon, le troisième instrument, de la pensée depuis ceux d’Aristote et de Bacon. Le premier a été l’Organon, le second le Novum Organum, mais le troisième existait déjà avant le premier», sur ce site un peu extrême on trouve une traduction partielle. En quête du "miraculeux" il cherche en orient une connaissance, une école qui explique les rapports de l'homme à l'univers, il rencontre et devient l'élève de Gurdjieff en 1915, en 1922 c'est la rupture qui fut précédé par une mésentente conjugale chez les Ouspensky.
Dans les Fragments il rend compte minutieusement de l'enseignement qu'il reçut de G., à tel point qu'après l'avoir lu Gurdjieff donna immédiatement son approbation à sa parution alors que la brouille était ancienne et irréductible. Il recense tout l'échafaudage théorique, il rend compréhensible les concepts gurdjievins, les hommes sont des machines, il n'y a rien d'accidentel dans l'art véritable, l'acquisition de la connaissance, la définition des quatre corps selon Gurdjieff, la quatrième voie ou la voie de l'homme rusé, l'absence d'unité en l'homme ou l'illusion à l'égard du Moi, où se situe l'homme dans le monde, racine de tous les anciens systèmes les trois forces (guna), le rayon de création et les différents degrés de matérialité, les 4 aspects (carbone, oxygène, azote, hydrogène), le rappel de soi pour s'éveiller, la Loi d'octave découle du principe de discontinuité des vibrations, les états de la conscience, les tampons qui sont des obstacles au développement intérieur, la notion de bien et de mal, les cosmos et les lois qui les gouvernent, sa vision très personnelle de Kundalini, le bâillement et le rire ou la gestion de l'énergie, la nécessité ou non de l'abstinence sexuelle, le "miracle" vécu par Ouspensky lors d'échanges télépathiques avec G., le silence des adeptes de G., le sacrifice du renoncement à sa souffrance, l'objectif et le subjectif suivant le sens spécial que leur donne G., les symboles qui doivent êtres vécus, l'ennéagramme qu'il définit comme un symbole universel, l'origine de l'église chrétienne se trouve dans l'Égypte préhistorique, l'évolution planétaire, les définitions des cercles de l'humanité, le changement complet d'apparence ou la transformation de G., l'extraordinaire intensité dans le travail du premier séjour à Essentuki, un exercice essentiel le stop.
p179 - Je suivais un jour la Liteyny dans la direction de la Perspective Nevsky
et, en dépit de tous mes efforts, j'étais incapable de maintenir mon attention
sur le "rappel de moi-même". Le bruit, le mouvement, tout me distrayait. A
chaque instant, je perdais le fil de mon attention, le retrouvais et le
reperdais. Pour finir 'éprouvai envers moi une sorte d'irritation ridicule et je
tournai dans une rue à gauche, fermement décidé, cette fois, à me rappeler
moi-même au moins pour quelque temps, en tout cas jusqu'à ce que j'aie atteint
la rue suivante. J'atteignis la Nadejdinskaya sans perdre le fil de mon
attention, sauf peut-être pour de courts instants. Alors, me rendant compte
qu'il m'était plus facile, dans les rues tranquilles, de ne pas perdre la ligne
de ma pensée, et désirant m'éprouver dans les rues plus bruyantes, je décidai de
regagner la Nevsky en continuant à me rappeler moi-même. Je l'atteignis sans
avoir cessé de me rappeler moi-même et e commençais déjà à éprouver l'étrange
état émotionne de paix intérieure et de confiance qui suit de grands efforts de
cet ordre. Juste au coin de la Nevsky, il y avait le magasin qui me fournissait
mes cigarettes.
Continuant à me rappeler moi-même, je me dis que j'allais entrer et en
commander quelques boîtes.
Deux heures plus tard, je me réveillai dans la Tavricheskaya, c'est-à-dire fort
loin. J'allais en traîneau chez l'imprimeur. La sensation du réveil était
extraordinairement vive. Je peux presque dire que je revenais à moi. Je me
souvins aussitôt de tout : comment j'avais parcouru la Nadejdinskaya, comment je
m'étais rappelé moi-même, comment j'avais pensé aux cigarettes et de quelle
façon à cette pensée J'étais tombé, comme anéanti, dans un profond sommeil.
Néanmoins, tandis que j'étais ainsi englouti dans le sommeil, j'avais continué à
exécuter des actions cohérentes et opportunes. J'avais quitté le magasin de
tabac, téléphoné à mon appartement de la Liteyny puis à l'imprimeur. J'avais
écrit deux lettres. Ensuite, l'étais encore retourné à la maison. J'avais
remonté la Nevsky le trottoir de gauche jusqu'à la Porte Gostiny avec intention
de gagner l'Offitzerskaya. Changeant alors d'avis, parce qu'il se faisait tard,
j'avais pris un traîneau pour aller chez mon imprimeur dans la Kavalergardskaya.
Et chemin faisant, le long de la Tavricheskaya, je commençai à sentir un étrange
malaise, comme si j'avais oublié quelque chose. Et soudain je me rappelai que
j'avais oublié à me rappeler moi-même.
Je parlai de mes observations et réflexions aux camarades de notre groupe, aussi
bien qu'à mes amis écrivains et autres.
Je leur disais que c'était le centre de gravité de tout l'enseignement et de
tout le travail sur soi; que maintenant le travail sur soi n'était plus un mot,
mais un fait réel, plein de signification, grâce auquel la psychologie devenait
une science exacte, et en même temps pratique.
Je disais qu'un fait d'une importance prodigieuse avait échappé à la psychologie
occidentale, à savoir : que nous ne nous rappelons pas nous-mêmes, que nous
vivons, agissons et raisonnons dans un profond sommeil, dans un sommeil qui n'a
rien de métaphorique, mais qui est absolument réel; et cependant que nous
pouvons nous rappeler nous-mêmes si nous faisons des efforts suffisants - que
nous pouvons nous éveiller.
J'étais frappé par la différence de compréhension dans nos groupes et chez les
gens du dehors. Les nôtres comprenaient aussitôt, en général, que nous touchions
là à un "miracle" à quelque chose de "nouveau" qui n'avait encore jamais
existé nulle part.
Les autres ne le comprenaient pas; ils prenaient tout trop légèrement et même
entreprenaient parfois de me prouver que de telles théories existaient depuis
longtemps.
A. L. Volinsky, que j'avais souvent rencontré, avec qui j'avais eu de nombreux
entretiens depuis 1909 et dont j'appréciais beaucoup les opinions, ne trouva
rien dans l'idée de "rappel de soi" qu'il n'ait connu auparavant.
- C'est une aperception, me dit-il. Avez-vous lu la Logique de Wundt ? Vous y
trouverez sa dernière définition de l'aperception. C'est exactement ce dont vous
parlez. La "simple observation" est une perception.
"L'observation avec rappel de soi", comme vous l'appelez, est une aperception.
Wundt ne l'ignorait pas, bien entendu.
Je ne voulais pas discuter avec Volinsky. J'avais lu Wundt. Et naturellement ce
que Wundt avait écrit n'avait rien à faire avec ce que j'avais dit à Volinsky.
Wundt s'était approché de cette idée, mais d'autres s'en étaient approchés tout
autant et s'en étaient écartés par la suite.
Il n'avait pas vu la grandeur de l'idée qui était cachée derrière ce qu'il
pensait lui-même des différentes formes de perception. Et n'ayant pas vu la
grandeur de l'idée, il ne pouvait naturellement pas voir la position centrale
que devait occuper dans notre pensée l'idée de l'absence de conscience et celle
de la possibilité d'une création volontaire de la conscience. Seulement, il me
semblait étrange que Volinsky ne pût pas le voir, même lorsque je le lui
indiquais.
Je me convainquis par la suite que chez beaucoup de personnes, fort
intelligentes par ailleurs, un voile impénétrable dérobait cette idée à leurs
yeux - et plus tard le vis pourquoi il en était ainsi.
p182 - « La première loi fondamentale de l'univers est la loi des trois forces,
des trois principes, ou bien, comme on la nomme souvent, la Loi de Trois. Selon
cette loi, dans tous les mondes sans exception, toute action, tout phénomène
résulte d'une action simultanée de trois forces - positive, négative et
neutralisante. Nous en avons déjà parlé, et nous reviendrons sur cette loi
chaque fois que nous aborderons une nouvelle ligne d'études.
« La seconde loi fondamentale de l'univers est la Loi de Sept ou Loi d'octave.
« Pour comprendre la signification de cette loi, il faut se représenter que
l'univers consiste en vibrations. Ces vibrations s'effectuent dans toutes les
sortes de matières, quels que soient leur aspect et leur densité, depuis la plus
subtile jusqu'à la plus grossière; elles proviennent de sources variées et vont
dans toutes les directions, s'entrecroisant, se heurtant, se fortifiant,
s'affaiblissant, s'arrêtant l'une l'autre et ainsi de suite.
« Selon les conceptions habituelles de l'Occident, les vibrations sont
continues. Cela signifie que les vibrations sont généralement considérées comme
s'effectuant de manière ininterrompue, montant ou descendant aussi longtemps que
dure leur force d'impulsion originelle et qu'elle triomphe de la résistance du
milieu dans lequel elles se développent. Lorsque la force d'impulsion est
épuisée et que la résistance du milieu l'emporte, les vibrations naturellement
retombent et s'arrêtent. Mais jusque-là, c'est-à-dire jusqu'au commencement de
leur déclin naturel, les vibrations se développent uniformément et
graduellement, et, en l'absence de toute résistance, elles peuvent même se
prolonger sans fin. Ainsi, l'une des propositions fondamentales de la physique
contemporaine est la continuité des vibrations - bien que cette proposition
n'ait encore jamais été formulée de façon précise, en l'absence de toute
objection. Certaines des théories les plus récentes commencent, il est vrai, à
la discuter. Néanmoins,la physique contemporaine est encore très loin d'une
notion correcte de la nature des vibrations ou de ce qui correspond à notre
conception des vibrations dans le monde réel.
« À cet égard, la façon de voir de l'ancienne connaissance s'oppose à celle de
la science contemporaine, parce qu'elle met à la base de sa compréhension des
vibrations le principe de discontinuité.
« Le principe de la discontinuité des vibrations signifie que le caractère
nécessaire et bien défini de toutes les vibrations dans la nature, qu'elles
soient ascendantes ou descendantes, est de se développer de manière non
uniforme, mais avec des périodes d'accélération et de ralentissement.
Ce principe peut être formulé avec une précision plus grande encore, en disant
crue la force d'impulsion originelle des vibrations n'agit pas de manière
uniforme, mais en quelque sorte se renforce ou s'affaiblit alternativement. La
force d'impulsion agit sans changer de nature et les vibrations se développent
selon un mode régulier pendant un certain temps seulement, qui est déterminé par
la nature de l'impulsion, par le milieu, par les conditions environnantes et
ainsi de suite. Mais à un certain moment intervient une sorte de modification :
les vibrations cessent pour ainsi dire de lui obéir et, pendant une brève
période, elles se ralentissent, changeant jusqu'à un certain point de nature ou
de direction. Ainsi, à partir d'un certain moment, les progressions ascendantes
ou descendantes des vibrations se font plus lentes. Après ce ralentissement
temporaire dans la montée ou la descente, les vibrations reprennent leur cours
antérieur, et montent ou descendent de nouveau régulièrement jusqu'à ce qu'un
nouvel arrêt se produise dans leur développement. Sous ce rapport, il est
important de remarquer que les périodes d 'action uniforme de l'inertie acquise
ne sont pas égales et que les périodes de ralentissement des vibrations ne sont
pas symétriques. L'une est plus courte, l'autre plus longue.
« Pour déterminer ces périodes de ralentissement, ou mieux, les arrêts dans la
montée et la descente des vibrations, on divise les lignes de développement des
vibrations en sections correspondant au double ou à la moitié du nombre de
vibrations dans un laps de temps donné.
« Imaginons une ligne de vibrations croissantes.
Considérons-les au moment où leur fréquence est de 1.000.
Au bout d'un certain temps, le nombre de vibrations est doublé, il atteint
2.000.
« Il a été établi que, dans cet intervalle entre le nombre donné de vibrations
et un nombre deux fois plus grand, il y a deux endroits où se produit un
ralentissement dans la progression des vibrations.
« L'un est à une petite distance du point de départ, l'autre presque à la fin.
« Les lois qui déterminent le ralentissement des vibrations ou leur déviation de
la direction première étaient bien connues de la science ancienne. Ces lois
étaient dûment incorporées dans une formule ou un diagramme qui s'est conservé
jusqu'à nos jours. En cette formule, la période à l'issue de laquelle les
vibrations sont doublées, était divisée en huit échelons inégaux, correspondant
au taux de progression des vibrations. Le huitième échelon est la répétition du
premier, avec un nombre double de vibrations. Cette période, c'est-à-dire la
ligne de développement de vibrations, mesurée à partir d'un nombre donné de
vibrations jusqu'au moment où ce nombre est doublé, est appelée octave, ou
huitaine.
« Le principe de division en huit intervalles inégaux du processus à l'issue
duquel les vibrations sont doublées est ondé sur l'étude de la progression non
uniforme des vibrations dans l'octave entière, et les divers échelons de
l'octave montrent l'accélération et le ralentissement de son développement à
différents moments.
« Sous le voile de cette formule, l'idée d'octave a été transmise de maître à
élève, d'une école à une autre. En des temps très anciens, une de ces écoles
découvrit la possibilité d'appliquer cette formule à la musique. C'est ainsi que
fut obtenue la gamme musicale de sept tons qui fut connue dans l'antiquité la
plus éloignée, puis oubliée, et retrouvée ou "découverte" à nouveau.
« La gamme de sept tons est une formule de loi cosmique qui fut élaborée par
d'anciennes écoles, et appliquée à la musique. Cependant, si nous étudions les
manifestations de la loi d'octave dans les vibrations d'autres sortes, nous
verrons que les lois sont, partout les mêmes. La lumière, la chaleur, les
vibrations chimiques, magnétiques et autres sont soumises aux mêmes lois crue
les vibrations sonores; par exemple, la gamme lumineuse, connue de la physique;
en chimie, le système périodique des éléments, qui est sans aucun doute
étroitement lié au principe d'octave, bien que cette correspondance n'ait pas
encore été pleinement élucidée par la science.
« Une étude de la structure de la gamme musicale offre une base excellente pour
la compréhension de la loi cosmique d'octave.
« Prenons encore une fois l'octave ascendante, c'est-à-dire l'octave où
s'accroît la fréquence des vibrations. Supposons que cette octave commence avec
1.000 vibrations à la seconde. Désignons ces 1.000 vibrations par la note do.
Les vibrations s'accroissent, leur fréquence augmente. Le point où la fréquence
atteint 2.000 vibrations à la seconde sera le second do, c'est-à-dire le
do de l'octave suivante :
« La période entre un do et le do suivant, soit une octave, est divisée en sept
parties inégales, parce que la fréquence des vibrations n'augmente pas uniformément.
« Le rapport d'élévation des différentes notes ou de leur fréquence de
vibrations s'établira comme suit :
« Si nous attribuons à do une valeur 1, ré en
sera les 9/8, mi les 5/4, fa les 4/3, sol les 3/2, la les 5/3,
si les 15/8 et do aura une valeur 2.
« La différence dans l'accélération des vibrations, ou progression ascendante
des notes, ou différence de ton sera la suivante :
DO à RÉ 9/8 : 1 = 9/8
RÉ à MI 5/4 : 9/8 = 10/9
MI à FA 4/3 : 5/4 = 16/15 (progression ralentie)
FA à SOL 3/2 : 4/3 = 9/8
SOL à LA 5/3 : 3/2 = 10/9
LA à SI 15/8 : 5/3 = 9/8
SI à DO 2 : 15/8 = 16/15 (progression de nouveau ralentie)
« Les différences entre les notes, ou les différences de hauteur des notes, sont
appelées intervalles. Nous voyons qu'il y a trois sortes d'intervalles dans
l'octave : 9/8, 10/9 et 16/15, ce qui, en nombres entiers, donne 405, 400 et
384. Le plus petit intervalle : 16/15, se trouve entre mi et fa, et entre
si et do. Ce sont précisément les deux endroits de ralentissement dans l'octave.
« Dans la gamme musicale de sept tons, on considère théoriquement qu'il y a deux
demi-tons entre deux notes successives, sauf pour les intervalles mi-fa et si-do,
qui ont un seul demi-ton, et dans lesquels le second demi-ton est regardé comme manquant.
« De cette manière, on obtient vingt notes, dont huit fondamentales : do, ré,
mi, fa, sol, la, si, do, et douze intermédiaires : deux entre chacun des couples
de notes suivants :
DO - RÉ
RÉ - MI
FA - SOL
SOL - LA
LA - SI
et une entre les deux couples de notes suivants :
MI - FA
SI - DO
« Mais dans la pratique de la musique, au lieu de douze notes intermédiaires,
seules cinq sont retenues, c'est-à-dire un demi-ton entre :
DO - RÉ
RÉ - MI
FA - SOL
SOL - LA
LA - SI
« Entre mi et fa et entre si et do, le demi-ton manque.
« De cette manière, la structure de la gamme musicale donne un schéma de la loi
cosmique des intervalles ou des demi-tons manquants. Disons d'ailleurs que,
quand on parle des octaves dans un sens "cosmique" ou "mécanique", seuls les
intervalles mi-fa et si-do sont appelés intervalles.
« Si nous en comprenons tout le sens, la loi d'octave nous donne une nouvelle
explication de la vie entière, du progrès et du développement des phénomènes sur
tous les plans de l'univers dans le champ de notre observation.
Cette loi explique pourquoi il n'y a pas de lignes droites dans la nature, et
aussi pourquoi nous ne pouvons ni penser ni faire, pourquoi tout en nous se
pense, pourquoi tout en nous arrive, et arrive en général d'une manière
contraire à celle que nous désirons ou attendons. Tout cela est manifestement
l'effet immédiat des intervalles ou du ralentissement dans le développement des
vibrations.
« Qu'arrive-t-il précisément lors du ralentissement des vibrations ? Une
déviation a lieu, la direction originelle n'est plus suivie. L'octave commence
dans la direction indiquée par la flèche :
« Mais une déviation a lieu entre mi et fa; la ligne commencée au
do change de direction :
et entre fa, sol, la et si, elle descend en faisant un certain angle avec sa
direction primitive, indiquée par les trois premières notes. Entre si et do se
trouve le second intervalle, une nouvelle déviation, un autre changement de direction.
« A chaque octave, la déviation est plus accentuée, de sorte que la ligne des
octaves arrive à former un demi-cercle et va dans une direction opposée à la
direction originelle.
« Dans son développement ultérieur, la ligne des octaves, ou la ligne de
développement des vibrations, peut revenir à sa direction première - en d'autres
termes, former un cercle complet.
« Cette loi démontre pourquoi rien ne va jamais en ligne droite dans nos
activités, pourquoi, ayant commencé à faire une chose, nous en faisons ensuite
une autre entièrement différente, qui est souvent tout le contraire de la
première, bien que nous ne le remarquions pas et continuions de penser que nous
suivons toujours la même ligne.
« Tous ces faits et beaucoup d'autres encore ne peuvent s'expliquer que par la
loi d'octave, et notamment par une compréhension claire du rôle et de la
signification des " intervalles " qui obligent constamment la ligne de
développement des forces à modifier sa direction, à la briser, à a courber, la
muer en son " propre contraire " et ainsi de suite.
« Les choses se déroulent toujours ainsi et nous pouvons constater partout de
tels changements de direction.
Après une certaine période d'activité énergique, d'émotion intense ou de
compréhension juste, une réaction intervient, le travail devient ennuyeux et
lassant, des moments de fatigue et d'indifférence percent dans le sentiment; au
lieu de penser droit, on cherche des compromis; on supprime ou écarte les
problèmes difficiles. Mais la ligne continue à se développer, bien que ce ne
soit plus dans la même direction qu'au commencement. Le travail devient
mécanique, le sentiment, de plus en plus faible, s'abaisse au niveau des
événements de la vie ordinaire. La pensée devient dogmatique, littérale. Tout se
déroule ainsi pendant un certain temps, puis il y a de nouveau une réaction, un
arrêt, une déviation. Le développement de la force peut se poursuivre encore,
mais le travail qui avait été commencé avec ardeur et dans l'enthousiasme est
devenu une formalité obligatoire et inutile; de nombreux éléments étrangers sont
entrés dans le sentiment : considération, vexation, irritation, hostilité; la
pensée tourne en cercle, répétant ce qu'elle savait déjà, et l'on s'égare de plus en plus.
« Le même phénomène se répète dans toutes les sphères de l'activité humaine.
Dans la littérature, la science, l'art, la philosophie, la religion, dans la vie
individuelle, et par-dessus tout, dans la vie sociale et politique, nous pouvons
observer comment la ligne de développement des forces dévie de sa direction
originelle, et, au bout d'un certain temps, va dans une direction diamétralement
opposée, tout en gardant son premier nom. Une étude de l'histoire entreprise de
ce point de vue fait ressortir les faits les plus étonnants, mais l'"humanité
mécanique" ne désire pas les remarquer. Peut-être les exemples les plus
frappants de tels changements de direction peuvent-ils être trouvés dans
l'histoire des religions, particulièrement dans l'histoire de la religion
chrétienne, si on l'étudie sans passion.
Pensez combien de tours a dû faire la ligne de développement des forces pour
aller des prédications d'amour de l'Évangile jusqu'à l'Inquisition; ou pour
aller de l'ascétisme des premiers siècles, où l'on étudiait le christianisme
ésotérique, à la scolastique qui calculait le nombre d'anges qui pourraient se
tenir sur la pointe d'une aiguille.
« La loi d'octave explique maints phénomènes de nos vies, qui sans elle
demeureraient incompréhensibles.
« Le premier est celui de la déviation des forces.
« Puis vient le fait que rien au monde ne reste à la même place, ou ne demeure
identique; tout se meut, tout se déplace, change, et, inévitablement, monte ou
descend, se renforce ou s'affaiblit, se développe ou dégénère, c'est-à-dire se
meut sur une ligne d'octave soit ascendante, soit descendante.
« Et le troisième point est que dans le développement même des octaves,
ascendantes ou descendantes, se produisent continuellement des fluctuations, des
crues et des décrues.
« Jusqu'ici nous avons surtout parlé de la discontinuité des vibrations et de la
déviation des forces. Il nous faut maintenant saisir clairement deux autres
principes : celui de l'inévitabilité soit de la montée, soit de la descente, en
toute ligne de développement des forces, et celui des fluctuations périodiques,
c'est-à-dire des crues et des décrues, sur toute ligne, soit ascendante, soit
descendante.
« Rien ne peut se développer en restant au même niveau.
La montée, ou la descente, est la condition cosmique inévitable de toute action.
Nous ne comprenons et ne voyons jamais ce qui se passe autour de nous et en
nous, soit parce que nous ne tenons pas compte de l'inévitabilité de la descente
quand il n'y a pas de montée, soit parce que nous prenons la descente pour une
montée. Ce sont là deux des causes fondamentales de nos illusions sur nous-mêmes.
Nous ne voyons pas la première parce que nous pensons toujours que les choses
peuvent rester longtemps sur le même niveau; et nous ignorons la seconde, faute
de comprendre que les montées sont en fait impossibles là où nous les voyons -
aussi impossibles que de développer la conscience par des moyens mécaniques.
« Ayant appris à distinguer les octaves ascendantes et descendantes dans la vie,
nous devons apprendre à distinguer montée et descente dans les octaves elles-mêmes.
Quel que soit le domaine de notre vie que nous considérions, nous pouvons voir
que rien ne peut y demeurer égal et constant; partout et en toutes choses se
poursuit l'oscillation du pendule, partout et en toutes choses les vagues
s'élèvent et retombent. Notre énergie, dans l'une ou l'autre direction, augmente
soudain, puis faiblit tout aussi rapidement; nos humeurs "s'améliorent" ou
"empirent" sans raison visible; nos sentiments, nos désirs, nos intentions, nos
décisions, tout passe de temps à autre par des périodes de montée ou de descente,
de renforcement ou affaiblissement.
« Et il y a peut-être en l'homme une centaine de pendules en mouvement, ici et
là. Ces montées et ces descentes, ces fluctuations de nos humeurs, de nos
pensées,de nos sentiments, de notre énergie, de nos déterminations,
correspondent soit aux périodes du développement des forces d'un intervalle à
l'autre, soit aux intervalles eux-mêmes.
« Cette loi d'octave, dans ses trois manifestations principales, conditionne de
nombreux phénomènes, soit de nature psychique, soit de nature organique,
c'est-à-dire liés directement à notre vie. De la loi d'octave dépendent
l'imperfection et l'étroitesse de notre savoir dans tous les domaines sans
exception, parce que nous commençons dans une direction et qu'ensuite, sans le
remarquer, nous allons toujours dans une autre.
« Comme je l'ai déjà dit, la loi d'octave, dans toutes ses manifestations, était
connue de la science antique.
« Même notre division du temps, c'est-à-dire les jours de la semaine partagés en
six jours de travail et un dimanche, est en rapport avec les propriétés et les
conditions intérieures de notre activité, qui dépendent de la loi générale. Le
mythe biblique de la création du monde en six jours, suivi d'un septième pendant
lequel Dieu se repose de son travail, est également une expression de la loi
d'octave, ou un indice de cette loi, mais incomplet.
« Les observations basées sur une compréhension de la loi d'octave montrent que
les vibrations peuvent se développer de différentes manières. Dans les octaves
interrompues, elles surgissent et tombent, sont entraînées et englouties par des
vibrations plus fortes qui les coupent ou qui vont dans une direction contraire.
Dans les octaves qui dévient de la direction originelle, les vibrations changent
de nature et donnent des résultats opposés à ceux auxquels on aurait pu
s'attendre au commencement.
« Ce n'est que dans les octaves d'ordre cosmique, ascendantes ou descendantes,
que les vibrations se développent d'une manière conséquente et ordonnée, gardant
toujours la direction prise par elles au départ.
« Par ailleurs, l'observation montre qu'un développement d'octaves correct et
régulier, bien que rare, est possible en toutes occasions, dans l'activité de la
nature comme dans l'activité humaine.
« Le développement correct de ces octaves est basé sur ce qui paraît être un
accident. Il arrive parfois que des octaves qui progressent parallèlement à
une octave donnée, qui la coupent ou qui la rencontrent, remplissent d'une
manière ou d'une autre ses intervalles et permettent aux vibrations de l'octave
donnée d'évoluer librement et sans arrêts. L'observation de ce développement
correct des octaves établit le fait que si, au moment nécessaire, c'est-à-dire
au moment où l'octave donnée passe par un intervalle, un " choc additionnel " de
force et de caractère correspondants lui est donné, elle se développera ensuite
sans entraves en suivant sa direction originelle, sans rien perdre de sa nature
et sans rien y changer.
« En de tels cas, il y a une différence essentielle entre les octaves
ascendantes et descendantes.
« Dans une octave ascendante, le premier "intervalle" se trouve entre
mi et fa.
Si une énergie additionnelle correspondante entre à cet endroit, l'octave se
développera sans entraves jusqu'à si, mais entre si et do il faut
un choc
supplémentaire beaucoup plus fort qu'entre mi et fa, pour qu elle se développe
correctement, parce qu'à cet endroit les vibrations de octave sont à un diapason
beaucoup plus élevé, et que, pour éviter un arrêt dans le développement de
l'octave, une intensité plus grande est nécessaire.
« Dans une octave descendante, par contre, le plus rand intervalle se rencontre
au tout commencement de octave, tout de suite après le premier do, et les
éléments qui permettent de le combler se trouvent très souvent en do lui-même,
ou dans les vibrations latérales émises par do.
Pour cette raison, une octave descendante se développe beaucoup plus facilement
qu'une octave ascendante : après avoir passé le si, elle parvient sans obstacle
au fa; ici, un choc supplémentaire est nécessaire, bien que considérablement
moins fort que le premier choc entre do et si.
« Dans la grande octave cosmique qui s'étend jusqu'à nous sous la forme du rayon
de création, nous pouvons voir le premier exemple complet de la loi d'octave. Le
rayon de création part de l'Absolu. L'Absolu est le Tout. Le Tout, possédant la
pleine unité, la pleine volonté et la pleine conscience, crée des mondes
au-dedans de lui-même et commence ainsi l'octave cosmique descendante. L'Absolu
est le do de cette octave. Les mondes que l'Absolu crée en lui-même sont
si. L'"intervalle" entre do et si est rempli en ce cas par la
volonté de l'Absolu.
« Le processus de création se poursuit par la force de l'impulsion initiale et
sous l'effet d'un choc additionnel.
Si passe au la qui est peur nous le monde des astres, la voie lactée.
La passe au sol, notre Soleil, le système solaire.
Sol passe au fa, le monde planétaire. Et ici, entre le monde planétaire, pris
comme un tout, et notre Terre, se présente un "intervalle". Cela signifie que
les radiations planétaires qui portent diverses influences à la Terre ne peuvent
pas l'atteindre, ou, pour parler plus correctement, ne sont pas reçues : la
Terre les réfléchit. Pour combler l'intervalle, à cet endroit du rayon de
création, un dispositif spécial a été créé pour-la réception et la transmission
des influences venant des planètes. Ce dispositif est la vie organique sur la
Terre. La vie organique transmet à la Terre toutes les influences qui lui sont
destinées, et rend possible le développement ultérieur et la croissance de la
Terre, le mi de l'octave cosmique, puis celui de la Lune, ou ré, après quoi
vient un autre do : Rien. Entre Tout et Rien passe le rayon de création.
« Vous connaissez la prière qui commence par ces mots :
"Dieu Saint, Dieu Fort,
Dieu Immortel. " Cette prière est un vestige de l'ancienne connaissance. Dieu
Saint signifie l'Absolu, ou : Tout. Dieu Fort signifie aussi l'Absolu, ou :
Rien. Dieu Immortel signifie ce qui est entre eux, c'est-à-dire les six notes du
rayon de création, avec "la vie organique". Les trois ensemble font un. C'est la
Trinité coexistante et indivisible.
« Nous devons maintenant nous arrêter sur l'idée des " chocs additionnels " qui
permettent aux lignes de forces de parvenir au but projeté. Comme je l'ai déjà
dit, les chocs peuvent avoir lieu accidentellement. Un accident est
naturellement quelque chose de très incertain. Mais ces lignes de développement
de forces qui sont redressées par accident et que l'homme peut quelquefois voir,
ou supposer, ou espérer, entretiennent en lui, plus que toute autre chose,
l'illusion de lignes droites. En d'autres termes, nous croyons que les lignes
droites sont la règle, et que les lignes brisées et interrompues sont l'exception.
Cela suscite en nous l'illusion qu'il est possible de faire; qu'il est
possible d'atteindre un but projeté. En réalité un homme ne peut rien faire. Si,
par accident, son activité donne un résultat quelconque, ne ressemblant qu'en
apparence, ou de nom seulement, au but initial, l'homme s'affirme à lui-même, et
il affirme aux autres, qu'il a atteint le but qu'il s'était proposé; il en vient
à prétendre que chacun est capable de l'atteindre -et les autres le croient.
En réalité, c'est une illusion. Un homme peut gagner à la roulette.
Mais ce sera un accident. Parvenir au but que l'on s'était donné dans la vie ou
dans un domaine quelconque d'activité est un accident du même ordre. La seule
différence est qu'à la roulette, l'homme sait du moins à chaque mise, sans se
tromper, s'il a perdu ou gagné. Mais dans les activités de sa vie, surtout dans
celles ayant une résonance sociale, lorsque plusieurs années ont passé entre le
commencement d'une action et son résultat, un homme peut très facilement se
tromper lui-même et prendre le résultat "obtenu" pour le résultat désiré,
c'est-à-dire croire qu'il a gagné, quand, dans l'ensemble, il a perdu.
« La plus grande insulte pour un "homme-machine", c'est de lui dire qu'il ne
peut rien faire, qu'il ne peut parvenir à rien, qu'il ne pourra jamais
s'approcher d'aucun but et qu'en s'efforçant vers un but il en fait
inévitablement apparaître un autre. Et de fait cela ne peut pas être autrement.
L'"homme-machine" est au pouvoir de l'accident, du hasard. Ses activités peuvent
s'engager par hasard en un canal tracé par des forces cosmiques ou mécaniques et
elles peuvent y cheminer par hasard pendant quelque temps, donnant l'illusion
qu'un certain but a été atteint.
Une telle correspondance accidentelle des résultats et des buts que nous nous
étions assignés, en d'autres termes, la réussite en certaines petites choses
qui ne peuvent être d'aucune conséquence, produit chez l'homme mécanique la
conviction qu'il est en son pouvoir d'atteindre n'importe quel but, qu'il est "capable de conquérir la nature", comme il
le prétend, qu'il est capable de "faire" sa vie, etc.
« De fait, il est naturellement incapable de rien faire, parce qu'il n'a aucun
contrôle, non seulement sur les choses qui sont en dehors de lui, mais sur ce
qui est en lui-même. Cette dernière idée doit être clairement comprise et bien
assimilée; en même temps, il faut comprendre que le contrôle des choses
extérieures commence par le contrôle de ce qui est en nous, par le contrôle de
nous-mêmes. Un homme qui ne peut pas se contrôler, c'est-à-dire qui ne peut pas
contrôler ce qui se passe en lui, ne peut rien contrôler.
« Par quelle méthode un contrôle peut-il être obtenu?
« La partie technique de cette méthode peut être expliquée par la loi d'octave.
Les octaves peuvent se développer d'une manière conséquente et continue dans la
direction désirée si les "chocs additionnels" interviennent au moment
nécessaire, c'est-à-dire lorsque se produit un ralentissement des vibrations. Si
les "chocs additionnels " n'interviennent pas au moment voulu, les octaves
changent de direction. Or il n'est pas question, naturellement, d'espérer que
des "chocs additionnels" viendront d'eux-mêmes de l'extérieur, au moment voulu.
Il reste donc à l'homme le choix suivant : ou bien trouver à ses activités une
direction qui corresponde à la ligne mécanique des événements du moment, en
d'autres termes, "aller où le vent souffle". "nager avec le courant ", même si
cela contredit ses propres inclinations, ses convictions, ses sympathies; ou
bien se résigner à l'idée de l'échec de tout ce qu'il entreprend. Mais il y a
une autre solution : l'homme peut apprendre à reconnaître les moments des
intervalles dans toutes les lignes de son activité, et à créer les " chocs
additionnels "; en d'autres termes, il peut apprendre à appliquer à ses propres
activités la méthode dont les forces cosmiques font usage lorsqu'elles créent
des "chocs additionnels" toutes les fois qu'ils sont nécessaires.
« La possibilité des chocs additionnels artificiels, c'est-à-dire spécialement
créés, donne un sens pratique à l'étude de la loi d'octave, et rend cette étude
obligatoire et nécessaire à l'homme qui veut sortir du rôle de spectateur passif
de ce qui lui arrive et de ce qui se passe autour de lui.
« L'"homme-machine" ne peut rien faire. Pour lui, comme autour de lui, tout
arrive. Pour faire, il est nécessaire de connaître la loi d'octave, de connaître
les moments des intervalles, et d'être capable de créer les "chocs
additionnels" nécessaires.
« On ne peut apprendre cela que dans une école, c'est-à-dire dans une école
organisée sur des bases justes, selon toutes les traditions ésotériques. Sans
l'aide d'une école, un homme ne peut jamais comprendre par lui-même la loi
d'octave, la place des intervalles, et l'ordre dans lequel les chocs doivent
être créés. Il ne peut pas le comprendre parce que certaines conditions sont
indispensables pour parvenir à cette compréhension, et ces conditions ne peuvent
être créées que dans une école créée elle-même sur ces principes.
« Il sera par la suite dûment expliqué comment une "école" peut être créée sur
les principes de la loi d'octave.
Et cela vous expliquera un des aspects des rapports de la loi de sept à la loi
de trois. En attendant, on peut dire que dans l'enseignement d'école, il est
donné à l'homme, d'une part des exemples des octaves cosmiques descendantes
(créatrices) et, d'autre part, des exemples des octaves ascendantes
(évolutives). La pensée occidentale, qui ne sait rien, ni des octaves, ni de la
loi de trois, confond les lignes ascendantes et descendantes, et ne comprend pas
que la ligne d'évolution s'oppose à la ligne de création, c'est-à-dire qu'elle va
contre elle, à rebours du courant.
« En étudiant la loi d'octave, on doit se rappeler que, pour définir les
relations des octaves entre elles, on les divise en fondamentales et
subordonnées. L'octave fondamentale peut être comparée au tronc d'un arbre dont
les branches seraient les octaves subordonnées. Les sept notes fondamentales de
l'octave et les deux "intervalles" porteurs de nouvelles directions donnent les
neuf anneaux d'une chaîne, trois groupes de trois anneaux chacun.
« Les octaves fondamentales sont reliées d'une manière déterminée aux octaves
secondaires ou subordonnées.
Des octaves secondaires du premier ordre sortent les octaves secondaires du
second ordre, etc. La structure des octaves peut être comparée à la structure d'un arbre.
Du tronc fondamental sortent, de tous côtés, des branches qui se divisent à leur
tour en rameaux qui deviennent de plus en plus petits et finalement se couvrent de feuilles.
Le même processus a lieu dans les feuilles, pour la formation des veines, des dentelures, etc.
« Comme toute chose dans la nature, le corps humain, qui représente un certain
tout, comporte, à l'intérieur comme à l'extérieur, les mêmes corrélations.
D'après le nombre de notes de l'octave et ses "intervalles", le corps humain a
neuf mesures de base exprimées par des nombres définis. Chez les individus, il
va de soi que ces nombres diffèrent grandement, mais en de certaines limites. Ces
neuf mesures de base, donnant une octave entière du premier ordre en se
combinant d'une manière spéciale, passent à un ordre d'octaves subordonnées, qui
donnent naissance à leur tour à d'autres octaves subordonnées, etc.
De cette manière, il est possible d'obtenir la mesure de n'importe quelle
partie, ou de n'importe quel membre du corps humain, étant donné qu'ils sont
tous dans une relation définie les uns par rapport aux autres. »
La loi d'octave donna lieu, naturellement, à de nombreuses conversations dans
notre groupe, et nous rendit perplexes. G. ne cessa de nous mettre en garde
contre un excès de théorie.
« Vous devez comprendre et sentir cette loi en vous-mêmes, disait-il, et après
cela seulement, vous la verrez en dehors de vous. »
C'était évident. Mais la difficulté n'était pas seulement là.
Une simple compréhension "technique" de la loi d'octave demande elle-même
beaucoup de temps. Et nous y revenions toujours, tantôt à la suite de
découvertes inattendues, tantôt parce que nous venions de perdre encore une fois
ce qui nous avait paru déjà bien établi.
Il m'est difficile aujourd'hui de retrouver les idées qui, à telle ou telle
période, furent le pivot de notre travail, celles qui attirèrent le plus notre
attention, qui donnèrent lieu au plus grand nombre de conversations. Mais l'idée
de la loi d'octave devint en quelque sorte leur centre de gravité permanent.
Nous en discutions les aspects variés à chaque réunion; nous en vînmes
graduellement à considérer toutes les choses de ce oint de vue.
Au cours du premier exposé qu'il fit de cette idée, G. n'en avait donné que les
lignes générales. Il y revint toujours pour en souligner les divers aspects.
A l'une des réunions suivantes, il fit ressortir d'une manière très intéressante
une autre signification de la loi d'octave, qui avait une portée profonde.
- Pour mieux comprendre le sens de la loi d'octave, il faut avoir une idée
claire d'une autre propriété des vibrations, celle de se diviser en "vibrations
intérieures". En effet, dans toutes les vibrations se produisent d'autres
vibrations, et chaque octave peut être résolue en un grand nombre d'octaves
intérieures.
« Chaque note de n'importe quelle octave peut être considérée comme une octave
entière sur un autre plan.
« Chaque note de ces octaves intérieures contient à son tour une octave entière,
et ainsi de suite, un très grand nombre de fois, mais pas à l'infini, parce
qu'il y a une limite au développement des octaves intérieures.
« Ces vibrations intérieures, qui ont lieu simultanément dans des "milieux" de
densités différentes, s'interpénètrent, se reflètent, et s'engendrent
réciproquement, s'entraînant, s'arrêtant ou se modifiant les unes les autres.
« Représentons-nous des vibrations dans une substance ou un milieu de densité
définie. Supposons que cette substance ou ce milieu soit formé d'atomes
relativement grossiers du monde 48 et que chacun d'eux soit pour ainsi dire une
agglomération de 48 atomes primordiaux. Les vibrations qui se produisent dans ce
milieu sont divisibles en octaves et les octaves sont divisibles en notes.
Supposons que nous ayons choisi une octave de ces vibrations dans le but de
faire certaines recherches. Nous devons nous rendre compte que dans les limites
de cette octave s'effectuent des vibrations d'une substance encore plus fine. La
substance du monde 48 est saturée de la substance du monde 24; les vibrations de
la substance du monde 24 sont dans une relation définie avec les vibrations de
la substance du monde 48; pour être plus précis : dans les vibrations de la
substance du monde 48, chaque note, contient une octave entière de la substance
du monde 24.
« Telles sont les octaves intérieures.
« La substance du monde 24 est, à son tour, pénétrée par la substance du monde
12. Cette substance, elle aussi, est animée de vibrations, et chacune des notes
de l'octave de vibrations du monde 24 contient une octave entière de vibrations
du monde 12. La substance du monde 12. est pénétrée par la substance du monde 6.
La substance du monde 6 est pénétrée par la substance du monde 3. La substance
du monde 3 est pénétrée par la substance du monde 1. Dans chacun de ces mondes
existent des vibrations correspondantes et l'ordre reste toujours le même,
c'est-à-dire que chaque note de l'octave de vibrations d'une substance plus
grossière contient une octave entière de vibrations d'une substance plus fine.
« Si nous commençons pares vibrations du monde 48, nous pouvons dire qu'une note
de l'octave de vibrations de ce monde contient une octave de sept notes des
vibrations du monde planétaire. Chaque note de l'octave de vibrations du monde
planétaire contient sept notes de l'octave de vibrations du monde du soleil.
Chaque note de l'octave de vibrations du monde du soleil contiendra sept notes
de l'octave de vibrations du monde stellaire, etc.
« L'étude des octaves intérieures, l'étude de leur relation aux octaves
extérieures, et l'influence possible des premières sur les secondes constitue
une partie très importante de l'étude du monde et de l'homme. »
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