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Jean Louis Bernard

La science occulte égyptienne

La première porte
L'HOMME OCCULTE

Sekhem Kaï, le scribe accroupi

Mereroui Kaï

Les mystères d'Abydos

De la danse à l'errance au sein du labyrinthe

L'École de Naples

Le ka et le corps astral

Shout, l'ombre

Khaïbit, la fée organique

 

 

 

La première porte
L'HOMME OCCULTE


 

De la danse à l'errance au sein du labyrinthe

Un yoga théâtral peut-il vraiment commander l'envol du moi et son absorption par le ka? C'est l'opinion de quelques acteurs dont Alain Cuny qui nous raconta semblable expérience non provoquée - et comment la provoquerait-on? Il jouait comme chaque soir non sans un certain automatisme, dû au grand nombre des représentations, quand il se sentit soudain hors de lui-même, hors de son corps. Sensible malgré tout dans sa partie "rôle", et intelligemment sensible, il flottait comme séparé. Et son être, amplifié, communiait avec l'âme collective du public et, par-delà, avec une forme de vie universelle. Ce type d'expérience a été décrit par les philosophes zen du Japon. Tous sont d'accord pour affirmer qu'il est impossible de planifier cette transe. Seul un certain climat d'harmonie entre le moi et l'ambiance la déclenchera. Et ce climat d'harmonie n'a rien à voir avec une ascèse alimentaire, le jeûne, la privation de tabac ou de vie sexuelle, autant d'interdictions qui ne feraient que renforcer le moi, alors qu'au contraire il doit s'abstraire du contexte quotidien et s'accrocher à un mythe. Le yoga du théâtre et même, éventuellement, le théâtre profane se comparent aux mystères. Dans l'un et l'autre cas, l'acteur fait l'effort de sortir de son moi pour entrer dans un rôle et dans un jeu dont il ne sera que le témoin passif. Pas d'initiative!

Certains égyptologues dont le Père Biondi pensent que les mystères prenaient en certains temples dont celui de Dendéra (temple de la déesse Hathor) la forme d'une procession sévèrement ritualisée, avec arrêts en des chapelles. Et le chemin de Croix du catholicisme s'inspirerait du même principe. Mais, en Égypte, la procession restait intérieure au temple et ne concernait aucun fidèle : seuls y participaient les prêtres et les initiés. Les processions publiques de la barque sacrée du temple, portant une statue divine, ou celle des trois barques, s'il s'agissait de la famille divine (Père, Mère, Fils), avaient un autre sens et se déroulaient sur les avenues. Ce sens variait d'un culte à un autre, avec en commun celui d'une magie collective qui se retrouve d'ailleurs dans le défilé militaire. Des voyageurs grecs relevèrent cependant un fait insolite à propos de la procession du taureau Apis, taureau sacré que l'on élevait dans l'annexe d'un temple : des jeunes gens dansant et répétant des mélopées entraient en transe publiquement et vaticinaient. Cela signifie qu'ils rendaient des oracles comme des médiums, à travers leur ka ou à travers un autre état d'existence, shout, l'ombre, état inférieur, que nous étudierons.

Ce dernier phénomène n'est pas sans annoncer la danse des derviches dont les techniques de la transe menant à l'extase remontent à la nuit des âges de l'Asie Mineure et de l'Iran. Ils forment un ensemble de sectes en marge de l'orthodoxie musulmane, depuis l'époque du second sultan turc. En fait, des doctrines anciennes, surtout pythagoriciennes, forment le noyau plus ou moins secret de leur ascèse. Tous ne sont pas tourneurs, mais ceux-ci ont acquis une renommée mondiale au festival de Konya (Turquie) où, chaque année, ils présentent leur danse. Vêtus de blanc (le supérieur de bleu) ils tournent sur eux-mêmes, très lentement d'abord. Puis ils passent du hiératisme à l'exaltation. La savante position des mains les accroche au magnétisme, et leur robe flottante mime l'envol, du moi. En certaines sectes, la transe va jusqu'à extérioriser aussi le corps d'aither, siège de la sensibilité. Alors, les voici qui marchent sur le feu ou se transpercent au couteau sans souffrir. Les moins exaltés recherchent simplement l'identification au ka, à travers lequel ils pourront peut-être accéder à l'extase. Préalablement à leur yoga de la danse, ils ont été initiés à une ascèse d'ordre mental, héritée des pythagoriciens dont le maître Pythagore l'avait reçue en Egypte, à l'époque où il y était prêtre d'Amon. C'est la technique du "silence égyptien" - expression grecque. Elle consiste dans l'arrêt total de la pensée, non de la parole! Pourquoi? Le Dieu mental que nous tentons de concevoir et mettre en formule n'est que la création de notre cerveau. A ce titre, il forme écran par rapport au Dieu-Esprit. Cela semble si vrai que le Dieu unique des théologiens juifs, chrétiens et musulmans se mua très tôt en idole monothéiste, grossie par les rites et les prières, voire par les effluves du sang des sacrifices humains: le sang des martyrs nourrissait, non le Dieu-Esprit, mais bien l'idole monothéiste. Et il dynamisait l'âme collective d'une secte. Le processus est encore plus évident dans le cas des inquisiteurs qui, au nom d'une équation mentale (la théologie orthodoxe), ordonnaient la souffrance (elle dévitalise la victime au profit de l'idole) et l'exécution. Plus francs, les Aztèques de Mexico avouaient que, pour grandir en puissance, leur " dieu " avait besoin de cœurs arrachés et de sang versé. Le théologien honnête connaîtra les limites de la théologie et son danger. Au Liban où, aujourd'hui, se sont affrontés jusqu'au génocide les trois idoles monothéistes (juive, chrétienne et musulmane) le penseur sagace arrive à une conclusion tragique: le monothéisme, entreprise mentale et affective, parfaitement arbitraire puisque l'Esprit reste inconcevable, n'aura peut-être pas été un progrès.

Ce besoin mystique de s'abstraire du moi pour centrer son être dans le ka a été la préoccupation de toutes les religions avant les monothéismes qui, eux, centrèrent leur effort sur le moi. Il se peut même qu'il inspira encore l'architecture à l'époque byzantine, si l'on en juge par une légende que certains parvinrent à vérifier expérimentalement. Cette légende rejoint la moderne théorie des ondes de forme. Elle s'appliquerait à la coupole et en serait la véritable explication. Une explication dynamique... Des personnes qui se placèrent à la verticale de la coupole de Sainte-Sophie ressentirent peu à peu un vertige comme si un tourbillon d'énergie gravitait, non autour d'eux mais à l'intérieur. Et ce phénomène est à rapprocher du somnambulisme, accidentel ou provoqué (le cas des derviches en transe profonde). Le somnambule qui circule dans l'appartement avec une tendance à monter sur le toit n'est certes pas animé par son moi. Celui-ci dort. Ses gestes restent cependant parfaitement coordonnés et il n'y a de danger qu'en cas de réveil brutal du moi. Qui donc alors mène son organisme corporel sinon son ka? De nature magnétique, le ka a pour environnement propre le magnétisme terrestre qui est aérien. D'où la tendance du somnambule à s'élever. Les gens très profondément endormis et qui rêvent à travers leur ka, rêvent qu'ils volent! Et le cas du somnambule expliquerait encore la rareté des accidents chez les funambules de cirque (ils marchent sur la corde) et les trapézistes : le ka les soutient en partie, à leur insu, tout comme il soutient aussi les oiseaux, sans aucun doute. Le mécanisme corporel n'explique pas tout!

La tendance du ka à s'élever sans quitter pour autant le corps, semble avoir été maintes fois vérifiée expérimentalement. Les occultistes nomment ce phénomène dédoublement au premier degré. Placé en transe, par auto hypnose ou hypnose provoquée, le médium perdait conscience et l'assistance voyait une substance spectrale, comparable à de la mousseline, qui s'exhalait de son corps et, se matérialisant quelque peu, se condensait au-dessus de sa tête. Un visage s'y formait, semblable au visage du médium. Ce phénomène insolite a été photographié. Il est curieusement confirmé par un bas relief maya de Palenque. On y distingue le roi-prêtre Pa Kall qui fut enseveli au sein du teocalli (temple sur pyramide). Accroupi, il a près de lui un astrologue et un chamane. Et sa tête se prolonge par une autre tête, celle à demi matérialisée de son ka, avec une langue dessinée à hauteur de nez. Cet indicatif se rapporte au ka puisqu'il vit au niveau des quintessences et des parfums. Autre indicatif : une chauve-souris se tient derrière la tête dédoublée. Davantage que l'oiseau, elle centre son être sur le ka, se guidant par l'ultrason, langage paranormal du ka. Au second degré, le ka quitte le corps totalement, au troisième, rarissime, il se rend visible à distance en se matérialisant à demi par le truchement de cette "mousseline" déjà évoquée et qui ne peut être que de la matière à l'état aithérique, prise au corps. Dès la transe, un médium sent sa température baisser, la chaleur vitale ayant été transférée. Mais il nous faudra revenir sur cette phénoménologie en comparant plusieurs modes de dédoublement avec leur effet sur l'économie des énergies. Insistons sur le témoignage maya pour montrer l'identité dans la conception de l'initiation chez les Amérindiens: pour se rapprocher de ses dieux, le roi-prêtre Pa Kall est plongé dans l'hypnose par son chamane, l'astrologue ayant calculé l'heure favorable. Et, comme pour le pharaon, c'est au niveau du ka que commencera sa prêtrise politique.

Le souci de faciliter la transe et un dédoublement de premier degré inspira peut-être, disions-nous, l'art de la coupole. Il inspira en tout cas l'art du labyrinthe. Le terme provient de l'égyptien lop-ro-n-te qui désignait le temple à l'embouchure du canal ", temple funéraire élevé au Fayoum pour le pharaon Amenemhat III, près de la pyramide-tombeau de ce roi, cernée par une cité des morts où avaient été ensevelis les courtisans. Hérodote put encore visiter le Labyrinthe mais se vit interdire l'accès aux sous-sols. Il comprenait douze cours, deux étages avec mille cinq cents chambres chacun et quantité d'impasses. Ce temple était celui du ka du pharaon. Certes, tous les souverains disposèrent d'un temple à cet usage insolite où des prêtres du ka venaient célébrer un rituel d'entretien du spectre, mais de facture simple... Le ka ne pouvait être perçu qu'après l'état de transe; il fallait transférer sa conscience à son niveau. Dans les temples des dieux, le pharaon dansait pour communier avec le ka de l'ancêtre divin (le dieu) hantant les salles. Or la marche au sein du labyrinthe est aussi une danse! Son but: désespérer le moi qui ne pourra plus se projeter autour de lui sinon illusoirement (pas d'issue). L'homme finira par cheminer en somnambule, le moi s'effaçant par impuissance et abandonnant au ka toute initiative. C'était là une manière de provoquer le somnambulisme ou, du moins, un certain état de somnambulisme. Quel était en ce cas précis le but recherché, sinon de faire communier le fidèle avec le ka d'un pharaon béatifié?... Une télépathie de ka à ka.

Le même principe architectural inspirait, à la cité médicale de Pergame, en Asie Mineure, la cure par le sommeil provoqué. Après s'être baigné à la source sacrée, le malade pénétrait dans un souterrain de 82 mètres où se répercutait le bruissement de l'eau de source ce qui contribuait déjà à l'isoler psychiquement. Ce " passage sacré " débouchait, sous le temple de Telesphore (dédié au ka d'un médecin comparable à Asclépios), sur un couloir circulaire où s'ouvraient des chambres de sommeil. Sans doute tournait-il longuement à l'intérieur de ce dispositif avant de s'étendre. En transe somnambulique, il percevait des voix spectrales puis, endormi, se trouvait confronté au ka d'un médecin divinisé, Asclépios ou Télésphore, qui diagnostiquait et prescrivait un régime.


Le labyrinthe de Chartres



Un chemin écrit sur le sol...
Et, peut-être une lente évolution de l'homme qui le parcourt...




En son temps, le Labyrinthe d'Amenemhat III fut considéré comme une merveille du monde et comme une sorte de renouvellement de l'architecture. Et les rois de Crète, amis traditionnels des pharaons, l'imitèrent en plusieurs cités, notamment à Cnossos. Mais l'arcane diffère. Il ne s'agit plus d'un temple du ka d'un roi défunt, mais simplement d'un palais compliqué au centre duquel, près d'une place, s'ouvre le palais royal où l'on peut encore admirer le trône d'albâtre - le plus vieux trône du monde! On ne s'aventurait pas sans guide dans le labyrinthe crétois; s'il était difficile d'en atteindre le cœur royal, il paraissait impossible d'en retrouver la sortie. La tradition grecque associa ce palais à un monstre, le Minotaure, " roi des taureaux " (minos signifiait roi), emprisonné dans des souterrains inexistants... En fait de souterrains, le Labyrinthe ne comporte que des chapelles dédiées aux dieux infernaux (dieux du tellurisme) pour les amadouer et se garantir ainsi des séismes. Dans la légende classique, Thésée le héros s'aventure dans le labyrinthe, muni d'un fil qu'il déroule, avec la même intention que le Petit Poucet semant les sentiers forestiers de gravillons : être assuré du retour... Il affronte le monstrueux taureau et le tue. Puis, au cœur du Labyrinthe, il découvre comme en un miroir son propre reflet, c'est-à-dire son ka. En ce cas, le Minotaure ne symbolisait que la puissance de l'ombre (la contrepartie du ka) dont il sera question en seconde partie, quand nous franchirons la seconde porte de l'inconscient. Il faut noter pourtant le lien entre la civilisation crétoise et le culte du taureau. A la périphérie du Labyrinthe de Cnossos, se donnaient des courses de taureaux au cours desquelles jeunes gens et jeunes filles devaient affronter la bête, la saisir par les cornes, sauter sur son dos puis retomber derrière elle. Il n'y avait pas de mise à mort. Le jeu, comme en Espagne, extériorisait cette lutte sournoise ou brutale que l'homme mène à l'intérieur de lui-même contre son ombre, celle-ci catalyseur des forces centrifuges de l'instinct et de la passion. Par rapport au ka, l'ombre forme écran et tend à placer le moi sous son influence. Or la marche dansante au sein du labyrinthe n'agit pas uniquement sur le moi qu'elle anesthésie; elle étourdit l'ombre ou la contraint à l'implosion. Ce dernier processus, temporairement dramatique, joue aussi un rôle dans la dépression nerveuse, sa conséquence.

La marche dansante au sein du labyrinthe, propre aux anciens temples, se perpétua dans le christianisme en s'imprimant dans l'architecture de certaines cathédrales. A Chartres par exemple. Son labyrinthe, le seul intact en France, y consiste en un tracé circulaire au sol, que l'on découvre immédiatement après avoir franchi le portail. Les chaises le recouvrent aujourd'hui et, bien sûr, il a cessé de faire usage depuis fort longtemps. Il est en noir et blanc et comporte onze cercles concentriques agencés de telle façon que le fidèle devait tourner sur lui-même, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche. Onze est un nombre sacré. Au cœur, six alvéoles qui rappellent peut-être les cellules d'Abydos, réservées à l'incubation. Le parcours total recouvre 294 mètres. Il s'effectuait à genoux et sans doute cierge en main - pour favoriser l'auto hypnose. Des litanies récitées contribuaient aussi à provoquer la transe, avec l'entrée en un état second. Sur l'une des alvéoles, le fidèle se figeait, dédoublé plus ou moins. Ce n'était qu'une fois " passé à son ka " qu'il devenait à même de saisir le mystère de la cathédrale et de communier avec le ka de Notre Dame sous Terre...

Il est certain que la cathédrale de Chartres recela un mystère qui rendait efficace le labyrinthe. Quand ce mystère se dissipera, la marche dansante au sein des onze cercles cessera. La fondation de cette aire sacralisée remonte, par-delà les Gaulois, à des peuples préhistoriques qui percevaient encore (comme les animaux) les courants d'énergie circulant comme le vent autour du globe. Car le globe possède un système nerveux subtil auquel celui de l'homme, des animaux et des plantes est perméable. Il se compose essentiellement d'un double réseau, l'un aérien (le magnétisme), l'autre souterrain (le tellurisme). Dans l'architecture sacrée, les cryptes baignent dans le tellurisme et les tours à vertige dans le magnétisme. Entre les premières et les secondes, la rose qui capte comme le cœur humain une quintessence des énergies cosmiques et la traduit en spectre lumineux à sa façon. Chartres fut creusée en un épicentre où, sans doute, se croisaient souterrainement des méridiens de ce circuit tellurique - comme à Carnac de Bretagne. On creusa un puits (33 mètres) dont l'eau s'imprégna de la bizarre radio activité du tellurisme et se fit miraculeuse: Pour cela, la crypte reçut le nom de Lieu Fort. Des malades venaient s'y étendre neuf jours durant pour l'incubation, comme à Pergame. Des chefs préhistoriques laissèrent au fond du puits un fragment de leur squelette ou leur épée, rituellement brisée, ce qui fit croire en d'anciens sacrifices humains, théorie fausse. Il s'agissait pour eux ou, plus exactement, pour leur ombre, de descendre aux enfers souterrains dont le puits était une bouche. Les enfers coïncident avec les " fleuves " du tellurisme (les fleuves infernaux des Grecs) qui aspirent et dissolvent les ombres des morts (pas leurs doubles, ni leurs âmes). Plus tard, les chrétiens prétendront que de saints martyrs avaient été jetés au puits et ils débaptiseront celui-ci en puits des Saints Forts... Attachée au squelette ou à l'épée, l'ombre du chef éviterait l'errance et sombrerait directement dans le tellurisme dissolvant. Les Anciens savaient que l'ombre, déboussolée à la mort, tente d'échapper (par l'errance) à la décomposition et risque de devenir une entité démoniaque, obsessionnelle. Et plus l'être a été évolué et puissant, plus son ombre sera dangereuse négativement. Tous les peuples personnifièrent la force du sous-sol ténébreux ou des grottes par la déesse noire. Dans le nom de Carnak, il y a la racine préhistorique kara, signifiant noir. A l'époque chrétienne, la crypte porta longtemps le nom de " grotte des druides " (ce qu'elle fut auparavant) et des clercs évoquèrent en leurs parchemins les " idoles païennes " et la petite vierge immémoriale. Si nous en jugeons par une copie qui existe chez les Carmélites de Berg-op-Zoom, elle était en chêne noirci par la fumée des cierges et mesurait une coudée. Ce n'est qu'en 1791 qu'elle fut transférée sur le pilori de la nef pour éviter aux fidèles la descente en crypte. Et, en 1793, les terroristes brûlèrent la " Benoiste Dame Souterraine ", remplacée depuis par une autre statue. L'incubation ne se pratiquait plus, le puits et la crypte ayant perdu leurs vertus. C'est que le réseau du tellurisme se modifie d'âge en âge; il oscille, sauf aux zones de fractures de l'écorce terrestre - et Lourdes conserve donc son prestige! De même, Carnac est inerte. En un lointain jadis, les menhirs, condensateurs de l'énergie telluriques, crépitaient peut-être... Le tellurisme conditionne la santé et le dynamisme. L'homme l'absorbe plus ou moins par des centres psychiques des pieds, exactement comme les mains captent ou distribuent le magnétisme. Toutefois, s'il est trop fort, il peut léser l'ombre et l'affoler et cela se répercutera sur l'organisme.

On en déduit que la marche à genoux sur le labyrinthe devait aussi provoquer des phénomènes d'hystérie.

 

L'École de Naples

Nous posions la question: l'occultisme occidental provient-il de l'ancienne Égypte? En grande partie, compte tenu du fait que ce même occultisme plonge aussi des racines dans les religions pré-chrétiennes du terroir, notamment dans l'animisme, religion de la nature, auquel se juxtaposèrent le druidisme, le germanisme puis le christianisme. Or l'animisme axe ses rites sur la nature secrète en l'homme et hors de l'homme. Bien sûr, avec le déroulement de l'histoire et l'éloignement de ses sources, l'occultisme se vulgarisa et dégénéra. Que deviendrait notre science moderne si les porteurs de son génie venaient à disparaître et si ses représentants se réduisaient à la dimension des exécutants, appliquant simplement les recettes ?

La recherche scientifique à travers les facultés du ka et pas simplement à travers celles du moi comme chez nous, caractérisa l'occultisme égyptien. Cette recherche était aussi une exploration de l'homme secret, de la nature secrète, du cosmos secret et de Dieu. Dès l'époque grecque, l'occultisme égyptien ouvrit des cryptes-laboratoire à l'extérieur, en même temps que s'exportaient les temples de la déesse voilée, - celle que l'on ne saurait approcher que dans le sommeil des mystères. A l'étranger, Isis se confondit plus ou moins avec d'autres déesses voilées, avec Demeter par exemple et Cybèle, voire Proserpine.

Ce " mouvement missionnaire ", toujours marginal, préluda avec le légendaire Orphée qui serait venu en Egypte et y aurait été initié. On le tient pour l'un des fondateurs des mystères grecs. Originaire de Thrace, barde, il approfondit l'art égyptien de la musique et celui de la danse qui en est inséparable: le son confinant à l'infra et à l'ultra vibration engendre le mouvement; et le mouvement des astres s'accompagne de la musique des sphères! Dès l'époque crétoise, on s'en venait en Égypte pour y apprendre musique et danse. Selon la légende, Orphée aima une femme, sans doute égyptienne, au nom hellénisé en Eurydice, qui mourut prématurément. Il tenta de la ramener dans le monde des vivants, vainement. Il semble qu'Orphée et Eurydice, plongés en catalepsie dans ces cellules à incubation comme il en exista en Abydos, au sein de l'Osiréion, ne se soient plus retrouvés au réveil, Eurydice étant morte en cours d'initiation.

L'influence égyptienne se propagea très tôt en Italie, bien avant que l'empereur Caligula n'inaugurât à Rome le premier temple d'Isis : il s'agissait de l'Isis d'Alexandrie, la cité carrefour, et l'une de ses statues, aujourd'hui au Serapeum de la cité, a été retrouvée sous la mer, dans la partie submergée d'Alexandrie. C'est par la partie hellénisée (Sicile et Sud) que s'implanta avec sa gnose, l'occultisme égyptien. Cela parce que Pythagore avait fondé à Crotone, sur le Golfe de Tarente, cité renommée pour la vigueur de ses hommes et la beauté de ses femmes, un ashram. Ce philosophe mystique du VIème siècle avant notre ère dont la mission sera poursuivie par Apollonius de Tyane (Ier siècle), avait voyagé à travers l'Orient pour se fixer longuement en Égypte. Les prêtres l'y reçurent pourtant avec réticence, aucun étranger n'étant admis en principe dans un temple. Mais le pharaon du temps, un Amasis, très favorable aux Grecs, le recommanda aux grands-prêtres. Après avoir été renvoyé d'un temple à l'autre sous des prétextes fallacieux, il fut admis, ce qui revient à dire qu'il devint prêtre : seuls vivaient au temple des prêtres. A Crotone, Pythagore hellénisera l'enseignement reçu. Il fera pratiquer à ses disciples la technique du " silence égyptien ", c'est-à-dire l'arrêt de la pensée. En s'effaçant ainsi, le mental propre au moi ne fait plus écran par rapport à celui du ka. Les disciples se vêtiront de lin comme les prêtres égyptiens et s'abstiendront de nourriture animale. Peut-être poussa-t-il trop loin son ascèse. Les prêtres égyptiens n'étaient pas végétariens. Et Apollonius de Tyane n'imposera jamais ce régime à ses disciples. Le corps doit être soutenu par référence à la nourriture des ancêtres. S'il se déséquilibre insidieusement, le psychisme se déséquilibrera aussi. Le disciple deviendra mythomane. Il croira s'être " réalisé H et ne fera que vivre un rêve éveillé! Dans l'ashram, Pythagore écoutera, derrière un rideau, la confession du disciple, usage pratiqué au temple d'Amon et repris par l'Église.

Pythagore opérera en philosophie une révolution qui scandalisera tous les philosophes. Il substituera au concept formulé un nombre. Il voyait dans la mathématique sacrale le fondement de l'harmonie universelle et une loi des cycles. Son système, mal connu, s'inspirait de la Babylonie (symbole du nombre 7 - les sept jours, les sept planètes, les sept étages de la ziggourath), de la Phénicie où naquit une cabale pré-juive '4 et d'Héliopolis (symbole du 9, l'ennéade ou ronde des neuf dieux, issus d'un couple androgyne qui est leur archétype). En Égypte, la mathématique sacrale, jamais utilitaire, part de l'homme. Celui-ci est un et double (un seul individu mais deux bras, deux yeux, deux cerveaux, etc.). Il se manifeste dans le cinq (cinq doigts). Il n'y a pas de nombres négatifs, mais le nombre impair est le contraire du nombre-pair. Le zéro désigne l'inexistant, donc aussi la mort (phénomène illusoire), la folie (le fou est détaché de son principe spirituel), l'absurde... Dieu n'a pas de nombre puisqu'il n'a pas de nom. En devenant créateur ou destructeur, il acquiert un nom, se fait entité et prend le nombre un-deux, nombre de l'androgynat (dieu et déesse, principe et dynamisme). Mais les genèses sont multiples.

Quand se dispersera l'ashram de Crotone, ses éléments se regrouperont à Naples qui sera, jusqu'à la fin de l'Égypte et au-delà, l'autre pôle d'Alexandrie. L'École de Naples deviendra en Europe une tête de pont de l'hermétisme, de l'alchimie et de l'occultisme à l'égyptienne. La cité sera le relais des initiés des divers temples de l'Orient, tel Plutarque (1er siècle de notre ère) qui ira à Rome donner des conférences sur la philosophie de Platon et les mystères égyptiens. A Rome, s'édifiera une basilique pythagoricienne. Plutarque entretenait une correspondance avec des initiés de Grèce, d'Italie et d'Égypte où il avait composé son célèbre traité d'Isis et d'Osiris. En Béotie, il anima un groupe occultiste dont sa famille constituait le noyau. C'est par lui essentiellement et par le voyageur Hérodote que les érudits connaîtront l'ancienne Égypte avant Champollion, avec le risque de s'égarer dans le labyrinthe des livres hermétiques. Pythagore avait compris ce risque puisqu'il préconisera le " silence mental ". Et Porphyre, au me siècle de notre ère, préférera les rites secrets à la méditation des théogonies. Pythagore déjà, sous l'influence des temples égyptiens, donnait une priorité à ce genre de culte intime. Pour lui comme pour Porphyre, l'essentiel réside dans un contact supra-normal par le rite, avec des émanations divines, non dans un contact intellectuel avec des idées. Mais cette voie est aussi semée de pièges car nombre d'entités du supra-normal sont sans essence : des masques creux! Quand, avec le christianisme, les temples égyptiens devront peu à peu fermer leurs portes, leurs rites ne disparaîtront pas totalement; il en restera quelque chose dans l'École de Naples. Ce qui explique qu'au XVIIIe siècle, Cagliostro pourra encore s'en inspirer pour créer à Lyon son fameux rite égyptien, dit de Memphis-Misraïm (Memphis d'Égypte), toujours vivant au sein de la Franc-Maçonnerie. Par son annexe romaine, l'École de Naples avait déjà préparé à leur voyage en Égypte des empereurs et hauts dignitaires dont Hadrien qui eut d'ailleurs Plutarque pour précepteur.

Avec la Renaissance, l'École s'implanta dans les cités italiennes de Toscane, influença à la fois le Père Athanase Kircher, un jésuite qui, à Rome, tenta un premier déchiffrement des hiéroglyphes, le pape Alexandre VI Borgia qui lança la mode architecturale de l'obélisque, et ce bizarre capucin de Palerme qui momifiait les cadavres des riches Siciliens en se référant à l'Égypte. Quand, sous François Ier, Lyon deviendra la ville italienne du royaume, l'École suivra la soierie, préparant ainsi la voie à Cagliostro. Il en restera quelque chose dans l'âme de la cité, ce qui pourrait expliquer les vocations respectives de l'Abbé Lacuria, prêtre lyonnais et pythagoricien qui basait les Harmonies de l'Être (titre de son oeuvre) sur la loi des nombres, et d'Alexandre Varille, égyptologue lyonnais dont les thèses ésotériques provoquèrent une querelle au sein de l'égyptologie.

Toutefois, l'occultisme égyptien proprement dit, c'est-à-dire la science mystique de l'hypnotisme et du magnétisme ne chemina pas de bouche à oreille à la façon des doctrines, ou de société secrète en société secrète avec les rites. Elle chemina souterrainement, au sens propre, car tributaire des temples à incubation. Dans leurs cryptes souterraines s'opéraient en effet les mises en sommeil initiatique. Or, comme le sommeil thérapeutique, l'occultisme se base sur l'extériorisation du ka, qu'il provoque par l'hypnose ou l'auto hypnose.

En fait, l'incubation poursuivait trois buts qui ne se confondaient qu'occasionnellement : l'initiation par identification au ka, l'oracle, celui-ci délivré au ka extériorisé par une apparition spectrale, la guérison par une confrontation semblable, de ka humain à ka divin, le second donnant un diagnostic et un régime. En Grèce, deux temples étaient célèbres quant à la guérison par l'incubation : celui du Pergame (Asie Mineure), déjà évoqué, et celui d'Épidaure (Europe). On ne sait pas vraiment comment les consultants étaient projetés en état second. Des médecins supposent à Épidaure l'emploi de drogues, car des fleurs de pavot sont sculptées au plafond du Tholos, bâtiment annexe qui comportait un labyrinthe souterrain en trois cercles concentriques reliés par des portes basses. La déambulation provoquait alors certainement un état second, somnambulique, après transe. Mais s'il y a drogue, au sens moderne du terme, la déambulation ne mènera pas au dédoublement naturel (le moi absorbé par le ka) mais vers l'euphorie et le rêve narcissique. Si les médecins d'Épidaure ont utilisé des tisanes de pavot, cela aura été plutôt en vue d'anesthésier un malade à opérer. Car les deux médecines coexistaient dans le temple d'Asclépios et autour, la positive prenant peu à peu le pas sur l'initiatique qui déclina pour des raisons inconnues. Les encens contribuaient néanmoins à créer une ambiance chargée, engourdissant le moi au profit du double. " Il faut être pur pour entrer dans ce temple parfumé d'encens, dit une inscription, et pour être pur, il faut avoir des pieuses pensées. " Parfumé d'encens... L'expression est à relever. Quant à la pensée utilitaire, elle s'éteint d'elle-même au fur et à mesure que s'exalte le ka. Des visiteurs, à peine entrés au temple, étaient saisis d'extase devant la statue du dieu Asklépios, assis sur un trône et s'appuyant d'une main sur son bâton et de l'autre sur un python. En cet état, le visiteur se racontait, mais en fonction d'une autre longueur d'onde: son ka s'exprimait! Ceux qui dormaient voyaient le dieu dans leur sommeil, et la vision s'accompagnait de fièvre. En somme, l'ambiance provoquait l'auto hypnose. Resterait à déterminer la nature du spectre onirique. Un phantasme? Mais un phantasme ne produit aucun effet positif. Alors, le ka d'un initié grec des anciens temps? Quand ce ka s'éteindra, les miracles d'Épidaure cesseront.

A Lyon, durant un temps, les cercles spirites captèrent le ka du Curé d'Ars dont le corps s'est spontanément momifié. Puis le phénomène tourna à l'imposture supra-normale. Le même phénomène se reproduit aujourd'hui avec le ka du Padre Pio. Avec le temps, le ka se détache de l'Esprit pour devenir coque vide.

En Égypte, les temples à incubation, dits " temples guérisseurs ", étaient nombreux. Il y avait l'oratoire du temple de Deir el-Bahari, au temple funéraire de la grande reine Hatshepsout, où des faits insolites ont été encore signalés : par exemple, le cas d'une statuette souvenir d'Anubis, perdue par un visiteur, et qu'il retrouva dans une chapelle, près d'une image d'Anubis. A Dendera, certaines salles devinrent de vrais sanatoria. On utilisa, toujours dans le même but, les sous-sols du Serapeum de Memphis, tombeau des taureaux momifiés, et le mastaba du sage Imhotep, non loin de là. A l'époque romaine, les malades y affluaient comme à Lourdes, et l'auteur grec Lucien, un sceptique pourtant, y fait allusion. II cite le cas d'un jeune homme malade que sa mère accompagne au mastaba. Tous deux y dorment, et le ka d'Imhotep leur apparaît en vision sous l'apparence d'une silhouette blanche tenant un livre. Le fils et la mère ont une forte fièvre mais se réveillent soulagés. Ce mastaba de l'architecte médecin Imhotep, auteur de la pyramide à degrés, disparut à l'époque chrétienne, sans doute détruit par les fanatiques. Et le tombeau d'Imhotep est devenu introuvable. En Abydos, c'est l'oratoire du dieu Bès, un dieu nain fils de Bastît, qui présidait à l'incubation. Et, à Canope, le temple guérisseur d'Isis fut remplacé par l'église des Évangélistes quand le patriarche Cyrille, ardent destructeur de temples égyptiens, y fit inhumer les corps de Saint Cyr et d'un Saint Jean. La foule transporta l'ambiance insolite du temple dans l'église, la seule au monde, peut-être, qui perpétue la tradition de l'incubation.

Mais l'incubation et ses techniques qui attirèrent d'un temple à un autre les occultistes, surtout hypnotiseurs et magnétiseurs, exista en des points du vieux monde fort divers, et si un lien avec l'Egypte peut être supposé, ce lien ne fut souvent tressé qu'à la faveur de l'unité romaine. Le cas à Grand, petite cité des Vosges, jadis considérable. Son nom (le d est en trop) dérive de Grann, dieu gaulois romanisé en Grannus, dieu guérisseur comme Asklépios, en Gaule du Nord-Est et en Scandinavie. Longtemps noyée dans l'impénétrable forêt vosgienne, la bourgade gauloise connut une période de splendeur sous les Antonins quand Rome, ayant fondé la cité de Trèves, base de sa domination sur la Germanie occidentale, acheva ainsi son axe Rhône-Rhin dont Lyon était l'autre pôle. Jusque-là, Grand celtique devait son mystère à son isolement (la forêt sans sentiers) et à son caractère tabou : un sas ouvert sur le supra-normal comme Brocéliande en Bretagne, autre sas car au sein d'une forêt aux fées. La route romaine respecta les mystères de Grand et, même, les incorpora à la spiritualité de l'empire, malgré l'âpre résistance que lui avaient opposée les tribus. Grannus était à double face puisque régissant la guérison et l'oracle avec pour commun dénominateur le sommeil léthargique du consultant. Ouverte en clairière isolée, entre le territoire des Leuques et celui des Lingons, peuples celtiques, la station attirait donc deux clientèles différentes. Le consultant endormi voyait le dieu ou percevait sa voix en ultra ou infra-vibrations, et le dieu diagnostiquait ou prophétisait. Au IVème siècle, si nous en croyons l'écrivain Alexandre, le futur empereur Constantin vint consulter l'oracle de Grand. Il guerroyait alors dans les régions gauloises contre des compétiteurs. Il désirait être reconnu par l'oracle comme l'avait été Alexandre le grand par l'oracle de l'oasis d'Amon, dans le désert égyptien. Autre visiteur illustre, deux siècles plus tôt : Caracalla. Né à Lyon, donc imprégné par l'ambiance des mystères gaulois, il était le fils de l'empereur Septime Sévère et de sa seconde femme, Julia Domna, une Syrienne d'Emèse, fille d'un prêtre du Soleil, femme exceptionnelle. Très mystique, c'est elle qui fit récrire la vie du thaumaturge grec Apollonius de Tyane. Une pièce de monnaie romaine, à l'image de celle-ci, est exposée au musée d'Épinal. Quand son fils mourut assassiné, elle se laissa mourir de faim. Caracalla qui fit élever un temple à Apollonius, à Tyane (Asie Mineure), souffrait de crises d'épilepsie. Selon l'écrivain Dion Cassius, il visita les temples guérisseurs pour y chercher la guérison " du corps et de l'âme ".

En 1967-1968, au fond d'un puits de la cité gallo romaine de Grand, les archéologues retrouvèrent un zodiaque sur plaques d'ivoire combinant la symbolique classique (moderne), grecque et égyptienne. Il provient manifestement d'Alexandrie. Un astrologue ou médecin astrologue du Serapeum de cette cité le transportait avec lui, en tant qu'instrument de travail, quand il vint dans les Vosges, à Grand dont le renom avait rayonné jusqu'en Égypte grecque. Ce zodiaque consiste en une double plaquette d'ivoire de 19 cm sur 14. Il se pliait donc comme une double page. Le visiteur peut le voir au musée d'Épinal. Un second exemplaire, identique, se trouverait au musée de Saint-Germain-en-Laye. Sur l'un et l'autre figure un zodiaque complet avec des traces de couleurs jaune, noire et or. L'ensemble forme quatre régions concentriques. Au centre, le Soleil et la Lune, en visages humains. Autour, le zodiaque classique puis des chiffres grecs qui se rapportent au domaine des planètes dans chaque signe, selon le système égyptien. On y pressent l'influence d'Eudoxe qui, au IVème siècle avant notre ère, avait suivi à Memphis les leçons du prêtre-astronome Chonouphis et traduit en grec un traité sur le "cours des cinq planètes". En cercle extérieur, les trente-six décans sont représentés en divinités égyptiennes. Chaque décan s'accompagne de son nom grec. L'usage des décans provient de l'Égypte, d'où leur représentation en divinités égyptiennes. Le ciel se réglait comme les saisons : trois décans par signe, trois saisons dans l'année (inondation, semailles, récolte). L'art de tirer des horoscopes, art non égyptien, provenait de Babylonie et ne s'implanta dans les temples du Nil qu'à l'époque grecque, peut-être déjà sous le Nouvel Empire, à cause des liens étroits que le pays entretenait alors avec la Babylonie. Le Zodiaque de Dendera date des Ptolémées, quoique intégralement égyptien. Il se compare parfaitement au Zodiaque de Grand. C'est en magie et en médecine magique que le décan jouait son rôle. Il figurait le dieu personnel, celui qui présida à la naissance. L'homme malade, déprimé ou envoûté était coupé de son dieu natal... Avant le traitement par l'incubation, une date devait sans doute être calculée en fonction du décan du consultant. Si le médecin-astrologue d'Alexandrie emporta avec lui un jeu double de son zodiaque, c'est que celui-ci avait à ses yeux une importance capitale.

Ce cheminement, des cryptes du Serapeum d'Alexandrie où se pratiquait aussi l'incubation, en direction des cryptes de Grand, illustre la marche discrète de l'occultisme. Et, si les praticiens usaient de l'astrologie, il semble certain qu'ils usaient parfois de passes magnétiques pour faire sombrer le malade dans la léthargie, voire la catalepsie. Par la manipulation, on extrayait le ka de sa double enveloppe, charnelle et aithérique.


 


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